Acheter et rénover une grande maison à plusieurs, une bonne piste à suivre ?

Acheter et rénover une grande maison à plusieurs, une bonne piste à suivre ?

Dans un marché immobilier très tendu, acheter et rénover un immeuble à plusieurs ménages présente de nombreux avantages. Mais il comporte aussi des obstacles. Si la dynamique est encore à ses débuts, des apprentissages ont déjà pu être tiré des premières expériences. Tour d'horizons.

« Entre 7 et 8 sur la région de Strasbourg, probablement bien plus, mais on ne les connaît pas tous ». Pour Emmanuel Marx, directeur d’Eco-Quartier Strasbourg, les projets d’achat-rénovation collectif, à plusieurs ménages, sont en augmentation. Et la tendance pourrait continuer à s’accroître :

« Les familles recherchent des appartements plus grands, avec un espace extérieur, à moins de 30 min à vélo du centre et avec des ressources financières limitées. A un seul ménage, l’équation ne fonctionne pas. A plusieurs, ça peut marcher. Enfin, à certaines conditions ».

Une voie empruntée par des dizaines de groupes d’habitat participatif en France.

L’essor récent de ces projets est évidemment une conséquence de la flambée continue des prix de l’immobilier. Celle-ci pousse les familles à rechercher des biens de plus en plus éloignés du centre des grandes agglomérations.

Mais pourquoi ne pas faire construire plutôt que rénover ?

Il existe plusieurs raisons. « Tout d’abord, trouver un terrain à construire, c’est quasi-impossible pour des particuliers. Un grande maison à acheter, c’est plus accessible. Il suffit de regarder les annonces ! » Dans les grandes agglomérations, et dans la région de Strasbourg en particulier, de nombreux biens de grandes tailles se retrouvent régulièrement à la vente : maisons bi- ou tri-familles, corps de ferme, petits immeubles de faubourg, voire quelques hôtels de maîtres !

Faire la balance des avantages et des inconvénients

Acheter et rénover à plusieurs peut apporter un gain de temps important par rapport à un projet d’habitat participatif en construction neuve. Dans le premier cas, l’acquisition et la rénovation peuvent être bouclée en 1 à 2 année. Dans le neuf, il faut au minimum 4 années, une fois le terrain négocié à cet effet .

Question coûts, les possibilités sont plus larges que dans le neuf. Inconvénient principal : un bien "habitable en l'état" a une valeur d'ores et déjà importante dans un marché tendu. En compensation, la rénovation permet de lisser dans le temps des travaux dont les moyens manqueraient pour être réalisés au moment de l’acquisition : aménagement des combles, chambre d’amis, salle commune, jardin, buanderie, etc. »

Pour Claude et Danielle, le défi est réussi. Même si tout n’a pas été simple. Avec deux autres ménages, ils sont depuis 3 ans les heureux copropriétaires d’un corps de ferme à Holtzheim. Cette aventure collective a commencé en septembre 2015 : « A chaque fois que nous avons rencontré un obstacle, le fait d’être un collectif nous a permis de faire face. Quand l’un d’entre nous était submergé, les autres prenaient le relais », souligne Danielle.

Chercher des conseils pour dépasser les obstacles

Des obstacles que chaque groupe sont amenés à dépasser. Parmi les plus importantes, on peut pointer la négociation de l’achat au bon prix, ou bien l’anticipation des coûts de rénovation au plus précis, ou encore l’identification et la mobilisation des bonnes expertises aux justes moments

Et pour ce faire, quelques conseils généraux sont utiles : Anticiper dès la recherche du bien, des interlocuteurs privilégiés, en s’appuyant notamment sur les réseaux de professionnels existants. « L’association Eco-Quartier Strasbourg est un bon point de repère pour identifier les bons réseaux », conseille Emmanuel Marx.  Sur ce marché du « gros » bien immobilier, on voit même apparaître des vendeurs intéressés : « Au cours de l’année passée, nous avons été sollicité par 4 propriétaires. C’est nouveau ! » souligne-t-il.

Il faut dire que ce phénomène, récent et spontané, apportent des solutions adaptées et utiles à la ville dont tout le monde rêve : Densifier la ville sans sur-bétonner, s’appuyer sur les immeubles existant en les adaptant aux enjeux climatiques et sociaux, et enfin donner de la place au faire- et vivre-ensemble.

« Les urbanistes en rêver, les habitants l’ont fait », pourrait-on dire.