Urban’Hotes, le témoignage de Stephan

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Urban’Hotes, le témoignage de Stephan

"Stephan et sa famille souhaitaient rester dans leur quartier du Neudorf, mais rêvaient d'un espace extérieur et d'un logement respectueux de l'environnement. Ils ont trouvé le terrain idéal, non loin de la route du Rhin, avec leur groupe, les Urban'Hôtes. Entre les petits immeubles et les maisons anciennes, le bâtiment et son toit géométrique noir font office d'ovni.

Un podcast réalisé par Emma Berthaud, pour l'association Eco-Quartier Strasbourg.

Retranscription du témoignage

Je m'appelle Stephan, je vis dans l’immeuble Urban Hôtes avec ma compagne et mes deux enfants  de 11 et 13 ans. Auparavant nous étions locataires dans un immeuble du Neudorf qui datait du début du 20ème siècle. On y était plutôt bien et j’aimais le cachet de l’ancien, mais nous ressentions le besoin d’une zone extérieure. Nous attachions également de l’importance à l’idée de nous installer dans un habitat peu consommateur d'énergie et respectueux de l’environnement.

La genèse du projet

J’ai dans un premier temps entendu parler du projet d’éco-quartier Danube, qui a attiré ma curiosité. Puis nous avons été informés que la Ville de Strasbourg lançait un appel à projets pour un certain nombre de terrains sur Strasbourg, afin d’y implanter des immeubles en auto promotion. En 2011, nous nous sommes donc orientés vers un atelier organisé par Eco-Quartier Strasbourg et l’Eurométropole, dont le but était de faire se rencontrer des groupes autour de potentiels terrain. L’un de ces terrains nous a vivement intéressé : il était situé au Neudorf, et suffisamment grand  pour y construire un immeuble avec pas mal de familles. Lors de cet atelier, nous avons également immédiatement rencontré quatre autres familles et avons commencé à travailler sur le projet.

Le groupe d'habitants

Nous avons souhaité être le plus multi-générationnel possible :trois familles ont entre 50 et 60 ans, avec souvent des grands enfants. Il y a des familles avec des enfants plus jeunes, et des tout petits. Nous avons essayé d'avoir une vraie palette, c'était une volonté délibérée du groupe. Aujourd’hui, du groupe initial, il reste trois familles, et nous sommes 8 ménages au total. Il y a eu pas mal d’aller-retour, pour différentes raisons.  Au départ deux personnes célibataires faisaient parti du groupes, mais ont préféré quitter le projet, notamment parce qu’il impliquait une grande disponibilité sur une longue période et que ce n’était pas possible pour elles à ce moment là.

La phase de conception

La mairie de Strasbourg avait conçu avec Eco-Quartier Strasbourg tout un accompagnement dans le cadre de cet appel à projets. Nous avons du respecter différentes phases pour pouvoir aller jusqu'à la présentation d'un dossier, d’un acte de candidature sur un terrain. Il a fallu en premier lieu apprendre à nous connaître et établir une charte de vie commune. En second lieu nous avons dû établir un mode de gouvernance, décider comment seraient prises les décisions. Ce processus s’est mis en œuvre de manière très  efficace et notre travail a abouti à un dossier solide, qui nous a valu d’être sélectionnés pour le projet.

Il y a donc eu cette phase de rencontre au départ, et la phase de conception s’est rapidement mise en oeuvre. Cela a duré de début 2012 jusqu'à jusqu'à mi 2016. On pourrait penser que c’est long, quatre ans et demi… mais en réalité cela correspond à peu près à la durée que met en œuvre un promoteur lors de la construction d’un immeuble.

Nous faisions une réunion du groupe complet par semaine, et des réunions supplémentaires par groupe de travail autour de différents sujets, soit sur le long terme, soit autour de problématiques ponctuelles. A chaque fois, les groupes de travail soumettaient ensuite leurs propositions au groupe complet. On avait un rythme, à certains moments, de deux réunions par semaine. Il s’agit d’un rythme très soutenu, c’est un processus extrêmement intéressant mais qui demande beaucoup de travail.

Là aussi nous avons été accompagnés par écoquartier et la mairie de Strasbourg. Eco-Quartier a organisé une sorte de speed-dating avec des architectes et leurs bureaux techniques. Nous avions étudié différents dossiers, choisi trois équipes, et nous les avons rencontré en personne.

Nous avons essayé de critériser nos choix autant que possible, afin de rester objectifs. Mais avec du recul, nous réalisons qu’il est aussi important de choisir quelqu’un de très humain, avec d’excellentes capacité d’accompagnement.

L'aspect architectural

J'ai découvert à travers ce projet tout le travail de l'architecte. Il nous a associé à toutes les phases. La première a été de définir un programme, selon ce que souhaitait chaque famille pour leur appartement. Le terrain choisi impliquait des contraintes extrêmement forte. Aussi, l’architecte nous a avant tout proposé une esquisse de l’implantation de l’immeuble sur le terrain.

Notre immeuble composé de huit appartements, de 70 à 150m², plus des parties communes. Nous avons une salle commune de 30m², une chambre d’amis avec salle de bain et toilettes, et une buanderie. A l’extérieur nous disposons d’un local bricolage, d’un abri vélos et d’un espace de stockage en rez-de-chaussée.

L'immeuble est orienté nord sud et les huit appartements sont traversants. Le système constructif choisi est une structure porteuse en béton, et une isolation en ouate de bois et ouate de cellulose, qui nous procure une isolation très conséquente. Nous avons choisi un système de chauffage par pompe à chaleur. Il s’agit de géothermie, qui va chercher la chaleur de la nappe phréatique. Ce système nous permet de nous chauffer et de produire de l'eau chaude sanitaire.

La structure juridique

Nous sommes partis sur un montage juridique déjà bien éprouvé au niveau de l'autopromotion : la SCIA, Société civile immobilière d'attribution. Pour résumer, il s’agit d’investir tous ensemble dans l’immeuble à travers des parts. C’est un statut utile pendant la période de montage du projet. A la fin, les différentes parts sont attribuées à chacun, et l’immeuble devient une copropriété.

Au moment de rentrer dans le projet, et c’est ce que demandait la mairie, nous avons demandé à chacun rentrant dans le groupe de pouvoir démontrer sa solidité financière. C'est à dire de demander à la banque non pas un document qui donnait l’aval pour obtenir le prêt pour un appartement, mais un prêt qui puisse financer le projet. Ce point était crucial pour éviter que l’ensemble du projet ne soit remis en cause si l’un des membres se retrouvait en difficulté.Un autre élément contraignant était également d’avoir quelques liquidités financières pour pouvoir financer toutes les études.

L’établissement bancaire que nous avons chois connaissait déjà ce type de projets en autopromotion, nous n’avons donc pas rencontré de difficultés particulières. Il nous a simplement fallu monter un dossier avec le reste du groupe pour expliquer le projet, démontrer notre solidité financière, et les démarches se sont faites relativement aisément.

La vie collective

Notre groupe fonctionne très bien, nous faisons régulièrement des repas en commun, des rencontres dans notre salle commune. Nous tenons régulièrement des réunions que nous appelons «  comités de maison » où nous abordons l'aménagement, les travaux à faire…

Les liens avec le quartier

Nous essayons de vivre dans ce quartier avec les habitants qui s’y trouvaient déjà. Nous ouvrons notre salle commune aux associations des alentours, il y a par exemple un jardin partagé qui se trouve juste à côté qui a déjà pu faire plusieurs fois son assemblée générale chez nous.  Nous participons aussi à la vie du quartier en nous impliquant dans la fête des voisins. Enfin, nous avons également mis en place un pédibus avec d’autres habitants de la rue, afin de pouvoir emmener nos enfants à l’école. Les enfants sont un excellent moyen pour rencontrer de nouvelles personnes…