Parmi les motivations premières de familles à s'engager dans un projet d'habitat participatif, c'est souvent l'opportunité d'offrir un meilleur cadre de vie à ses enfants qui fait sens. Les habitats participatifs offrent à la fois ces espaces physiques et relationnels qui participent à la socialisation et à l'autonomisation des enfants. Dans le même temps ils sont les lieux propices aux petits coups de main et à la montée en compétence des parents
Rêver d'habitat participatif où voir grandir ses enfants ne signifie pas forcément prendre le temps de construire avec ou de réfléchir à comment sera gérée la place et l'éducation des enfants une fois installé. Or c'est aussi de valeurs dont il est question, de la limite entre ce qui appartient à la sphère du personnel et du collectif (article des colibris qui traite du sujet).
Une approche qui fait sens aux Chats Perchés, un écolieu de 3 familles qui, après avoir monté un projet d'école alternative, et surmonté quelques galères, ont décidé de vivre ensemble en achetant et en rénovant une ancienne bâtisse à Lampertsloch (nord de l'Alsace).
Aux Chats Perchés, les co-habitant.e.s ont pris le temps de s'accorder sur un socle commun de règles pour régir la vie de l'écolieu, et au quotidien çà marche plutôt bien.
"Aux Chats Perchés, on gère les enfants comme une fratrie, et selon l'adulte qui en a la responsabilité. L'autre règle c'est que les co-habitant.e.s sont d'accord de ne pas être d'accord"
Ici, quand on n'est pas d'accord sur la manière de faire entre familles, et bien il faut d'abord accepter que chacun a sa manière de fonctionner chez soi. Aux enfants de s'y conformer quand ils sont sous sa responsabilité. C'est aussi ce qui amène de la diversité et de l'ouverture d'esprit aux enfants. Et s'il y a des sujets qui tiennent à cœur, ils sont discutés et l'ensemble des adultes s'adaptent au niveau de tolérance de celui qui sera le plus bas.
"Je ne suis pas à l'aise avec les jeux d'équilibre et de hauteur quand il s'agit d'enfant. Quand ils sont avec moi je préfère qu'ils utilisent les modules suivant les règles. Mais je sais que lorsqu'ils vont sortir au terrain de jeux avec un autre adulte ils vont s'amuser à jouer les équilibristes."
Au-delà des avantages pratiques de la gestion des enfants, la co-éducation c'est aussi une opportunité pour les adultes de progresser et d'envisager la parentalité : lâcher prise sur certains aspects, accepter que des adultes avec d'autres personnalités tiennent aussi une place centrale dans la vie des enfants.
Le plus dur c'est de rater une des premières fois de son enfant, mais c'est aussi satisfaisant de pouvoir se dire qu'il a partagé une de ces premières fois avec un.e des co-habitant.e.s.
Au final ça développe des compétences, des sensibilités et de l'agilité pour toutes et tous. Les possibilités d'activités sont multipliées et les enfants se socialisent entre eux et avec les adultes.
"A force ils connaissent nos points faibles et nous grugent"
En fonction de la demande qu'ils vont avoir, ils sauront vers quel adulte se tourner. C'est en quelque sorte la contrepartie à avoir constamment un adulte sur le dos.
Pour autant rien n'est laissé au hasard. Sur le lieu de vie tout le monde participe et a son lot de tâches pour la semaine (gérer les enfants, préparer les repas de la semaine, etc.). Les habitants se réunissent régulièrement lors de "Chatspéros" pour discuter et organiser les tâches collectives et arbitrer sur les sujets qui nécessitent une décision.
Et lorsque des tensions apparaissent, elles se règlent grâce au système des "réparations". Si un.e habitant.e blesse quelqu'un, sans forcément l'avoir fait exprès, la personne personne blessée a la responsabilité d'exprimer ce qui l'a contrarié et par quelle action cela peut être réparé. Tout l'enjeu sera d'avoir une demande claire et à la mesure de ce qui a été fait. La règle vaut autant pour les enfants que pour les adultes.
Ainsi la co-éducation pour les enfants c'est aussi l'occasion de refaire l'école entre adultes.
- Rockatansky - Portail de l'habitat participatif